À noter : depuis 1999, l'Organisation mondiale de la santé préconise de remplacer l'acronyme MST par IST (infections sexuellement transmissibles) afin de signifier que, contrairement à une maladie, on peut être porteur d'une infection sans en présenter les symptômes.
Les condylomes, aussi appelés « verrues génitales », sont causés par le papillomavirus humain. Ils sont l'un des symptômes courants des IST, comme l'ulcération.
Les différentes formes de condylomes
Les condylomes présentent des localisations et des formes variées.
Localisation
Le papillomavirus, ou HPV, est responsable de lésions bénignes au niveau des parties génitales et de l'anus (mais également de nombreux cancers oropharyngés). Les condylomes sont une catégorie de lésions que l'on retrouve localisées :
- chez l'homme sur le pénis, le prépuce externe et interne, le gland, la région péri-anale ;
- chez la femme sur la vulve, le périnée, les grandes lèvres et les petites lèvres, la région péri-anale.
Typologie
Il existe 3 types de condylomes, dont les caractéristiques sont les suivantes :
- Condylomes acuminés : ils présentent des lésions bourgeonnantes, uniques ou multiples, rosées ou grisâtres, plus ou moins pédiculées. Ils sont appelés « crêtes-de-coq » quand ils se trouvent au niveau vulvaire et ils peuvent aussi toucher l'anus.
- Condylomes papuleux : ce sont de petites papules multiples, rosées, isolées ou en nappe.
- Condylomes plans : ils se présentent sous la forme de macules rouges ou rosées de la muqueuse anale. Ils ne sont visibles souvent qu'après l'application d'acide acétique à 5 % et l'examen à la loupe ou au colposcope.
Transmission et contamination des condylomes
On considère que les condylomes font partie des MST (ou IST), car la transmission virale est surtout sexuelle. Deux papillomavirus sont responsables de plus de 90 % des condylomes : HPV 6 et HPV 11. En outre, le condylome (ou verrue génitale) est l'IST la plus fréquente après l'infection à chlamydia. Il touche environ 1 à 3 % de la population sexuellement active (avec une prévalence dominante autour de 20-25 ans), indifféremment l'homme et la femme.
Après un rapport sexuel, le risque de contamination par le HPV est de 60 à 70 %. Quant au condylome, il apparaît 3 à 6 mois après le rapport sexuel contaminant, mais le virus peut également rester endormi dans l'organisme pendant des mois, voire des années. À noter que 80 % de la population a déjà rencontré ce virus au cours de sa vie mais que le plus souvent le système immunitaire s’en débarrasse sans séquelle.
À l’inverse de la femme pour laquelle l’incidence de l’infection HPV diminue progressivement avec l’âge, l’homme est transmetteur potentiel toute sa vie, avec une incidence de l’infection qui demeure constante.
Bon à savoir : toute contamination n'entraîne pas toujours l'apparition de condylome.
Symptômes des condylomes
Habituellement, la présence d'un condylome n'est pas accompagnée de symptômes. Cependant, un prurit (sensation de démangeaison de la peau indiquant une lésion) peut être constaté. La plupart du temps, le condylome est remarqué au toucher et/ou du fait de l’inconfort causé.
Comment traiter les condylomes ?
La plupart de ces condylomes disparaissent spontanément au bout de quelques mois ou années. Cependant, il est important de les traiter afin de limiter leur transmission, mener un dépistage des autres MST comme le VIH, mais aussi la chlamydia et l'hépatite B.
On distingue 3 types de traitements :
- chimique ;
- physique et chirurgical ;
- immunomodulateur (thérapie ciblée).
Plus en amont, un vaccin est également accessible en vue d'une prévention.
Traitement chimique
Le traitement chimique peut se composer des produits suivants :
- Crème à la podophylline : de moins en moins utilisée en raison des effets secondaires.
- Acide trichloracétique à 80 % : appliqué par le médecin 1 à 2 fois par semaine, il peut provoquer des douleurs lors de son application.
- 5 fluorouracile : crème à appliquer 3 fois par semaines pendant 6 semaines maximum.
Traitement physique et chirurgical
Le traitement physique et chirurgical présente les méthodes suivantes :
- Laser C02 et électrocoagulation : surtout si les condylomes sont diffus et exubérants.
- Cryothérapie : traitement par le froid via l'application d'azote liquide. Le traitement par cryothérapie est équivalent (en termes d’efficacité et de tolérance) à l’acide trichloracétique et elle est à peine moins efficace que l’électrocoagulation avec toutefois moins d'effets secondaires immédiats, comme la douleur ou l’irritation, et moins de lésions cutanées.
Traitement immunomodulateur
Un traitement immunomodulateur vise à stimuler ou freiner les réactions du système immunitaire du corps. Concernant les condylomes, ce type de traitement intervient sous 2 formes :
- Imiquimod : crème à appliquer 3 fois par semaine.
- Exérèse chirurgicale, c'est-à-dire l'intervention chirurgicale visant à enlever le condylome (ce choix ne venant qu'en seconde intention).
Attention : les médicaments immunomodulateurs ont pour principaux effets indésirables une toxicité neurologique (risques de neuropathies) et hématologique (anémie, thrombopénie, neutropénie, hypotension, thrombose veineuse profonde, œdèmes).
Vaccins
Deux vaccins pour empêcher l'apparition du papillomavirus et donc des condylomes sont aujourd'hui en vente : le Gardasil® et le Cervarix®. Réalisés à partir des souches 6, 11, 16 et 18 du HPV, ces vaccins protègent contre plus de 90 % des virus responsables de condylomes, mais aussi ceux pouvant être à l'origine du cancer du col de l'utérus.
Mais à compter du 31 décembre 2020, le Gardasil® ne sera plus commercialisé au profit du Gardasil 9®. En effet, le Cervarix® est un vaccin bivalent, le Gardasil® un quadrivalent et le Gardasil 9® un nonavalent. Ce dernier contient cinq génotypes supplémentaires de papillomavirus humains à haut risque (31, 33, 45, 52 et 58), responsables d’environ :
- 30 à 40 % des lésions malpighiennes intra-épithéliales de haut grade ;
- 15 à 20 % des cancers du col ;
- 18 % des cancers du vagin ;
- 4 à 11 % des cancers anaux ;
- 10 à 14 % des cancers de la vulve :
- 9 % des cancers du pénis ;
- environ 4 % des cancers de l’oropharynx chez l’homme.
Ils sont recommandés :
- chez toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans (avec un rattrapage jusqu'à 19 ans) ;
- avant le début de la vie sexuelle ou au cours de la première année de vie sexuelle avant 26 ans ;
- chez les hommes homosexuels âgés de moins de 26 ans ;
- chez les sujets immunodéprimés ;
- chez les garçons de 11 à 14 ans révolus avec un rattrapage possible jusqu'à 19 ans afin de réduire la circulation du virus et de protéger les filles contre les infections à HPV et leurs conséquences (prise en charge à 100 % depuis janvier 2021).
Bon à savoir : à partir de la rentrée scolaire 2023, les collégiens, filles ou garçons, en classe de 5e, ont la possibilité de se faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains.
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Dépistage des maladies sexuellement transmissibles (MST)
Sommaire
- Symptômes des MST
- Dépistage et diagnostic des MST