MST

Papillomavirus

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Portrait d'une femme Thinkstock

Les différents types de papillomavirus sont responsables des condylomes, des verrues et de certains cancers.

À noter : depuis 1999, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de remplacer l'acronyme MST (maladies sexuellement transmissibles) par IST (infections sexuellement transmissibles) afin de signifier que, contrairement à une maladie, on peut être porteur d'une infection sans en présenter les symptômes.

Définition et transmission du papillomavirus

Le papillomavirus (ou HPV, pour human papillomavirus) est la MST la plus fréquente (2 fois plus fréquente, par exemple, que l'herpès vaginal).

On peut en énumérer les caractéristiques suivantes :

  • Ce virus possède de très nombreuses formes, que l'on divise en 2 grandes familles : la première touche la peau et la seconde les muqueuses.
  • Elle se transmet d'une personne à une autre par simple contact, qu'il soit anal, vaginal ou oral.
  • La majorité des personnes sexuellement actives seront contaminées par le papillomavirus au cours de leur vie (80 % de la population a déjà rencontré ce virus au cours de sa vie et, le plus souvent, le système immunitaire s’en débarrasse sans séquelle). En cas d'infection chronique, celui-ci peut évoluer vers des formes graves de cancer comme celui du col de l'utérus ou de l'oropharynx.

Bon à savoir : pour une personne sexuellement active, il est difficile de déterminer la relation contaminante, puisqu'il faut environ 10 ans entre la contamination et le développement des premières lésions (et encore 10 à 15 ans, avant la constitution éventuelle d’un cancer).

Symptômes du papillomavirus

Le plus souvent, les symptômes du papillomavirus s'en vont d'eux-mêmes et ne posent pas de problème particulier. Cependant, ce virus est responsable de manifestations génitales disgracieuses, de verrues, mais aussi, pour certaines souches, de cancers.

Verrues génitales à papillomavirus

Les verrues génitales sont appelées des « condylomes ».

Elles se caractérisent de la manière suivante :

  • Elles sont indolores.
  • Elles peuvent toucher : chez l'homme, les testicules ou le pénis ; chez la femme, la vulve ou l'intérieur du vagin ; chez les deux sexes, le contour de l'anus.
  • Elles peuvent avoir des formes diverses, plus ou moins grandes, en relief ou plates, parfois multiples.

Bon à savoir : le diagnostic par un professionnel de santé est relativement simple.

Papillomavirus et cancer

Le HPV est principalement responsable du cancer du col de l'utérus, mais peut aussi causer d'autres cancers, comme celui du vagin, du pénis ou encore de l'anus, et des cancers oropharyngés, à l'arrière de la gorge, des amygdales et de la langue.

Ces cancers ne sont absolument pas systématiques en cas d'infection par le papillomavirus, et seules certaines souches peuvent avoir cet effet (souches visées par le dépistage HPV du cancer du col de l'utérus, préconisé en test de dépistage initial par plusieurs pays).

En outre, la maladie peut mettre des années, voire des dizaines d'années à se développer.

Bon à savoir : les patients atteints d’un cancer de la gorge lié à une infection par l'HPV (HPV 16 dans 85 % des cas) ont de plus grandes chances de survie que les autres (taux de survie de l’ordre de 85 %), excepté ceux ayant un important passé de fumeurs, qui ont un moins bon pronostic.

Dépistage du cancer du col de l'utérus

  • Depuis le 1er janvier 2018, les femmes de 25 ans bénéficient d'une prise en charge totale dans le cadre de la consultation unique de prévention des cancers du sein et du col de l'utérus.
  • Depuis mai 2018, un dépistage généralisé et entièrement remboursé par la Sécurité sociale est également proposé aux femmes de 25 à 65 ans qui n'ont pas réalisé de frottis du col de l'utérus depuis 3 ans (arrêté du 4 mai 2018). Les femmes concernées sont invitées par courrier à se rendre chez un médecin ou une sage-femme pour effectuer l'examen de dépistage.
  • Depuis juillet 2019, la Haute autorité de santé (HAS) valide le test moléculaire HPV qui est désormais recommandé en 1ère intention, en remplacement de l’examen cytologique chez les femmes de plus de 30 ans. En effet, la HAS le juge « nettement plus efficace [que l’examen cytologique par frottis] pour réduire l'incidence du cancer du col de l'utérus ».
  • Depuis le 1er avril 2020, le test HPV est remboursé par l’Assurance maladie pour les femmes de 30 à 65 ans dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus.

Par ailleurs, du fait d’une très bonne valeur prédictive négative, l'intervalle entre deux dépistages passe désormais à 5 ans (contre 3 actuellement), si le premier test HPV est négatif.

Traitement et prévention du papillomavirus

Le traitement du papillomavirus passe essentiellement par des médicaments contre les condylomes. La prévention, quant à elle, est basée surtout sur le préservatif et sur un vaccin.

Traitement des condylomes

Le papillomavirus provoque l'apparition de condylomes (excroissances de peau au niveau des organes génitaux).

Il convient de les traiter par les méthodes suivantes : cryothérapie, électrocoagulation, laser ou excision chirurgicale pour les cas importants, application de la crème de podophyllotoxine, prescription du médicament 5-fluorouracile, Imiquimod crème à 5 %, qui modifie la réponse du système immunitaire (effets indésirables qui sont d'ordre neurotoxique et hémotoxique).

Vaccin contre le papillomavirus

La prévention contre le cancer du col de l'utérus utilise le Gardasil 9® un vaccin nonavalent efficace contre neuf souches de papillomavirus HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58.

À noter : « Environ 90 % des cas de maladies HPV induites sont liés à des types d’HPV ciblés par le vaccin Gardasil 9 », rappelait la HAS dans son avis de 2019.

Les 5 derniers génotypes ciblés sont responsables d’environ 30 à 40 % des lésions malpighiennes intra-épithéliales de haut grade, de 15 à 20 % des cancers du col, 18 % des cancers du vagin, de 4 à 11 % des cancers anaux, de 10 à 14 % des cancers de la vulve, de 9 % des cancers du pénis et d'environ 4 % des cancers de l’oropharynx chez l’homme.

En France, la couverture vaccinale à l'HPV fait partie des plus faibles d'Europe : 24 % des femmes ayant suivi un schéma vaccinal complet en 2018 et environ 15 % des hommes homosexuels. C'est dû à la campagne médiatique ayant mis en garde sur les risques des vaccins.

Ainsi, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de mettre en place des actions d’information et de sensibilisation visant à restaurer la confiance vis-à-vis du vaccin que ce soit auprès du public ou des professionnels de santé. « Ceci passe par une meilleure information sur la sécurité de la vaccination pour réduire l'hésitation vaccinale », souligne l’agence sanitaire.

Les professionnels habilités à pratiquer le vaccin contre les papillomavirus humains sont :

Bon à savoir : à partir de la rentrée scolaire 2023, les collégiens, filles ou garçons, en classe de 5e, ont la possibilité de se faire vacciner gratuitement contre les cancers liés aux papillomavirus humains.

Efficacité

Selon l'OMS, tous les vaccins disponibles se sont révélés à la fois sûrs et très efficaces pour réduire le nombre de tumeurs précancéreuses dans le col de l’utérus.

Ce vaccin permettrait une réduction significative de la prévalence des maladies liées aux infections HPV 6, 11, 16 et 18 avec, aux États-Unis, une réduction de 64 % chez les jeunes femmes ayant entre 14 et 19 ans.

Par ailleurs, au Danemark, en Écosse et au Canada, on a constaté une diminution d'environ 70 % des lésions précancéreuses du col de l'utérus dues à tous types d’HPV chez les jeunes filles vaccinées avant l'âge de 17 ans.

Selon une étude suédoise récente, le vaccin quadrivalent, administré avant 17 ans, confère une protection de 88 % chez les jeunes femmes de moins de 30 ans, par rapport aux non vaccinées.

À noter : en Australie, l'introduction du vaccin a permis de faire reculer de 93 % la prévalence des verrues génitales. Mais dans le même temps, les risques de cancer ont doublé (chez des femmes vaccinées à l'âge de 13 à 17 ans, l'incidence est passée de 0,7 en 2007 à 1,5 en 2017).

Dangerosité

Malgré la controverse quant aux effets indésirables extrêmement sévères susceptibles de survenir , l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et l’Assurance Maladie jugent que « le profil de sécurité des vaccins contre les infections par les virus HPV est bien établi » et que cette vaccination n’entraîne pas d’augmentation du risque global de survenue de 14 pathologies neurologiques et 12 maladies auto-immunes. De même, les gynécologues insistent sur l’extrême rareté des événements de type auto-immun, selon eux abusivement ou faussement rapportés à la vaccination, et estiment que le bénéfice/risque reste très largement favorable.

Pour autant, il est admis que la vaccination HPV augmente les risques de survenue du syndrome de Guillain-Barré (1 à 2 cas supplémentaires pour 100 000 jeunes filles vaccinées) et les risques de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). En France, plusieurs jeunes filles vaccinées ont déclaré avoir développé de graves effets secondaires après leurs injections : problèmes neurologiques, paralysies, douleurs pelviennes... Au moins six familles ont ainsi engagé une action en justice pour que leur cas soit reconnu comme un accident médical (source : AFP).

Par ailleurs, après le décès d’un adolescent à la suite d'une chute post-vaccination contre le papillomavirus, le 27 octobre 2023, l’ANSM demande désormais aux professionnels de santé d’allonger sur des tapis de sol ou couvertures ou d'asseoir par terre dans un espace dégagé les adolescents qui viennent de recevoir l'injection.

À noter : les effets secondaires les plus souvent observés sont moins graves : douleur, rougeur au niveau de l'injection et symptômes généraux comme de la fièvre, des maux de tête et des nausées. L'ANSM précise aussi qu’un « risque de malaise, [de] syncope parfois sans symptômes présyncopaux, ou de réaction anaphylactique » est présent mais que ces malaises qui « peuvent correspondre à une réaction psychogène à l’injection » sont « peu fréquents et rapidement résolutifs », ils peuvent aussi s’accompagner de tremblements ou de raideurs.

Recommandations des agences de santé

Il est donc recommandé de réaliser une vaccination des jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (deux doses à 6 mois d'intervalle) et un rattrapage jusqu’à 19 ans chez les femmes n'ayant pas encore eu de relation sexuelle, ou dont la première relation sexuelle date d'au moins 1 an.

Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommande également de vacciner les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu'à 26 ans. De plus, en décembre 2019 la HAS recommandait d'étendre la vaccination anti-papillomavirus aux garçons de 11 à 14 ans avec un rattrapage possible jusqu'à 19 ans. C'est ainsi qu'elle a été intégrée au calendrier vaccinal de 2020. Elle est remboursée à 100 % depuis janvier 2021 (en vertu d'un arrêté publié dans le « Journal officiel » du 4 décembre 2020).

« La vaccination est la meilleure prévention primaire et elle est bien tolérée. Toutefois, on ne sait pas encore si elle n'a d'intérêt chez les garçons, qu'avant les premiers rapports sexuels ou si une immunité est rattrapable plus tard », indique le Dr Philippe Gorphe, ORL au département de cancérologie cervico-faciale de l'Institut Gustave Roussy.

Pour autant, les gynécologues la jugent tout à fait justifiée car les hommes sont le plus souvent « des transmetteurs silencieux ».

Bon à savoir : pour diminuer les risques de contamination, l'utilisation du préservatif reste essentielle, même si ce dispositif ne peut pas protéger complètement de l'infection par le papillomavirus. Par ailleurs, la vaccination ne se substitue pas au dépistage systématique par frottis cervicaux (à pratiquer au moins tous les 3 ans à partir de l’âge de 25 ans et jusqu’à 65 ans).

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